Il y a des situations où le langage implicite, c’est-à-dire le langage des sous-entendus, est approprié. Par exemple dans une relation intime. Mais il faut aussi savoir parler clairement et ouvertement lorsqu’il y a des insatisfactions.
Une lectrice me demande s’il est bien d’être explicite dans la communication intime. Elle m’écrit : « Je lis régulièrement vos articles. Vous y affirmez qu’il est préférable de dire les choses clairement. Est-ce aussi valable pour les questions plus intimes comme la sexualité ? Merci de développer cette question. ». C’est avec plaisir que je vais essayer de donner réponse à cette lectrice.
Dire les choses plutôt que les sous-entendre
Dans mon travail de formateur, je préconise la clarté dans la communication : dire les choses plutôt que les sous-entendre ou les faire deviner. En d’autres termes, je conseille de parler explicitement plutôt que par implicites. Mais cela ne signifie pas pour autant que le langage implicite soit à proscrire. Pensez par exemple à la communication entre la mère et son bébé, ou entre un animal de compagnie et son maître. Les mots et leur signification n’y occupent pas la place centrale. Il est donc tout à fait possible de se faire comprendre sans utiliser la parole dans certaines circonstances.
Se faire comprendre sans parler
La séduction fait partie de ces circonstances. Observez le jeu de la séduction. Combien d’attitudes et de gestes chargés de signification, combien de sous-entendus avant une déclaration verbale de ses sentiments ? Et c’est très souvent un jeu agréable ! Cela gâcherait beaucoup de parler explicitement dès le premier contact : « Tu me plais. Et moi, est-ce que je te plais ? ».
La relation amoureuse fait également partie des situations où l’implicite a sa place. La complicité entre les amoureux rend les mots inutiles à certains moments. On pourrait en dire autant de la vie sexuelle. Lorsque la relation entre les partenaires est satisfaisante, le langage explicite n’est pas forcément nécessaire. La magie des regards et des gestes suffit.
La magie des regards et des gestes suffit
Mais il est rare qu’une telle complicité soit permanente. Il y a inévitablement des moments où l’autre ne comprend pas mes intentions. Il y a forcément des moments où ses actes ne me conviennent pas. La frustration peut alors s’installer. C’est là qu’il est important de pouvoir parler. L’implicite risquerait de renforcer les malentendus. Attendre que l’autre devine notre malaise est un bon moyen pour ne pas être entendu.
La sexualité n’est pas un thème de discussion facile, car elle touche au plus profond de nos besoins. Il convient alors d’être particulièrement délicat. Par exemple : « J’aimerais te dire quelque chose. Ce n’est pas facile, car j’ai peur que tu te vexes ou que tu le prennes mal. Voilà, il s’agit de ce que tu voulais hier soir… »
Ainsi, pour répondre à la question initiale, je dirais que le langage explicite est aussi valable dans le domaine de la sexualité. Mais il ne s’agit pas de mettre des mots sur toutes les situations ! C’est surtout ce qui pose problème qui a avantage à être explicité. Inutile donc d’appeler toujours un chat un chat. Parfois, dire minou est plus charmant !