La Cour suprême de l'Iowa a validé en appel le licenciement d'une assistante dentaire qui "menaçait l'engagement matrimonial" de son patron.
C'est un grand bond en arrière en matière d'égalité des sexes au travail. La Cour suprême de l'Iowa a donné raison pour la deuxième fois à James Knight, dentiste, pour avoir licencié son assistante, Melissa Nelson, car il la trouvait "trop attirante" et craignait qu'elle ne soit une menace pour son mariage. Le tribunal, convoqué en appel, en est venu aux mêmes conclusions que lors du premier jugement, estimant que les patrons pouvaient renvoyer les employés qu'ils percevaient comme des menaces à leur engagement matrimonial, même s'ils n'agissent pas de façon inappropriée. En décembre dernier, le tribunal, composé uniquement d'hommes, avait déjà tranché que bien que le licenciement de la jeune femme ne soit pas "juste", il n'était pas illégal.
Jeune épouse et mère de famille d'une trentaine d'années, Melissa Nelson a travaillé pendant 10 ans dans le cabinet de James Knight, dentiste dans l'Iowa. Ce dernier, après 9 ans de collaboration, a commencé à se plaindre d'une passion naissante pour son assistante, de 20 ans sa cadette. Lors de son audition devant les juges, le dentiste explique avoir "averti" à plusieurs reprises Melissa de son attirance grandissante, lui précisant que ses formes le "déconcentraient". James Knight lui aurait demandé de faire attention aux vêtements qu'elle portait, affirmant à la jeune femme que "si elle voyait son pantalon se bomber, elle saurait que ses habits étaient trop aguicheurs". Le médecin évoquait aussi régulièrement la vie sexuelle de Melissa, trop rare selon lui, estimant que c'était "comme avoir une Lamborghini dans son garage et de ne jamais la conduire".
Harcèlement sexuel
Malgré le port d'une tenue de travail peu aguichante (voir photo ci-dessous) et un comportement irréprochable pendant dix années, selon le dentiste, James Knight a finalement renvoyé Melissa Nelson, après une discussion avec sa femme et son pasteur. Tous deux lui avaient conseillé de congédier la jeune femme, de peur qu'elle ne sème le trouble dans son esprit. Le licenciement de l'assistante, qui a perçu un mois de salaire comme indemnité, s'est fait en présence d'un représentant de l'Église locale, précisent les documents du tribunal.
Dans l'État de l'Iowa, la discrimination des employés en fonction de leur sexe est interdite. C'est donc sur cette base que Melissa Nelson avait déposé plainte, estimant qu'elle "n'aurait pas été remerciée si elle avait été un homme". Mais la Cour suprême a jugé par deux fois que ce licenciement "ne constituait pas une discrimination interdite par la loi". Selon la plus haute juridiction de l'État, il n'y avait pas de caractère sexiste à cette décision : il s'agissait de sentiments et non de discrimination. L'avocat de James Knight se félicite que l'on "permette aux employeurs de licencier les employées cherchant à exciter la jalousie de leurs épouses".
L'avocate de la plaignante, Paige Mansfield, assure pour sa part qu'une telle décision va causer un grand tort à l'égalité des genres au travail. Il reste cependant une issue, pour l'assistante dentaire, qui travaille actuellement en tant que serveuse : revoir sa ligne de défense et tenter d'attaquer son ex-employeur en justice pour harcèlement sexuel. Elle ne manque pas de preuves...
Photo non datée fournie par Melissa Nelson, en tenue de travail.